On me tue

On me tue, si je ne travaille
et si je travaille, on me tue ;
Toujours on me tue, on me tue, toujours on me tue.
Hier J’ai vu un homme : il regardait il regardait,
le soleil qui naissait ;
Hier j’ai vu un homme : il regardait, il regardait
le soleil qui naissait : mais l’homme restait très sérieux,
l’homme car il ne voyait pas.
Aïe !
Les aveugles vivent sans voir
Le soleil lorsqu’il naît,
Le soleil lorsqu’il naît,
Le soleil lorsqu’il naît !
Hier J’ai vu un enfant : il jouait à qui tuait un autre enfant ;
Hier j’ai vu un enfant : il jouait à qui tuait un autre enfant ;
Il est des enfants qui ressemblent à leurs ainés lorsqu’ils travaillent.
Qui leur dira, une fois grands, que les hommes ne sont pas des enfants,
pas des enfants
pas des enfants
pas des enfants !
On me tue si je ne travaille,
et si je travaille, on me tue :
Toujours on me tue, on me tue, toujours on me tue !

Nicolàs Guillèn